[Copyleft Attitude] les 21, 22, 23 janvier 2000 Accès Local [Compte-rendu, version 1.0]
On s’imaginait bien qu’entre gens créatifs et préoccupés par la liberté, l’égalité et la fraternité, il y aurait un langage commun.
Nous avions décidé de commencer ces trois journées par de l’information franchement pédagogique sur les logiciels libres, Linux et la GPL sachant bien que le monde de l’art n’était pas forcément au courant de ces notions.
Ce qui suit est une brève tentative de compte-rendu de ces 3 journées, un numéro spécial de la revue Allotopie rendra-compte, au terme de deuxième partie « copyleft attitude » à public> (4 passage Beaubourg) les 24, 25, 26 mars, de la globalité de « copyleft attitude ».
# Vendredi 21/01/00 :
(Beaucoup de monde, près d’une centaine, l’entrée Potlatch fonctionnant à merveille : chacun donnant (on a vu de tout, cd-rom, pied de porc, livres, fauteuil, préservatifs, bières, gâteaux, etc) quelque chose et repartant avec autre chose. )
– Bernard Lang, responsable scientifique à l’INRIA (Institut National de Recherche en Informatique et en automatique) et trésorier de l’AFUL (Association Francophone des Utilisateurs de Linux et des Logiciels Libres) ouvre le colloque avec une présentation des enjeux du logiciels libres par rapport aux logiciels propriétaires. Outre l’aspect purement informatique et les qualité techniques du logiciel libre, il montre ce qui est attaché à cette conception de l’informatique : nos libertés, la protection de notre vie privé, notre capacité à créer sans entrave et à être en intelligence avec, à la fois l’objet de notre travail, mais aussi ses utilisateurs.
– Le LUG Parinux, avec Benoit Picaud, Laurent Martelli, Olivier Berger et Laurent Ciarka, a ensuite expliqué la manière dont s’est créé ce regroupement d’utilisateurs de Linux sur Paris et montré la force mobilisatrice et constructive de l’internet pour créer collectivement. Il se dégageait de cette expérience concrète d’utilisateurs chevronnés, une forte impression de liberté, voire de candeur à pouvoir ainsi être en communauté ( plus de 300 inscrits sur la mailing-liste Parinux) et exercer librement leurs compétences. Cette liberté étant aussi la marque d’un réalisme intransigeant vis à vis de la situation socio-économique du monde et de la mainmise propriétaire de ceux qui fabriquent des logiciels mal écrits et fermés et dont le but est de contrôler l’existence.
– Frédéric Couchet, Président d’APRIL (Association pour la Promotion et la Recherche en Informatique Libre) rappelait l’histoire des logiciels libres en précisant que ceux-ci sont pionniers dans l’histoire de l’informatique, que le projet GNU est antérieur à Microsoft et consorts et que la GPL fut imaginé par Richard Stallman pour résoudre un problème bien précis d’accès à la connaissance des sources d’un système. Vraiment une question de simple liberté. Tout commence avec la liberté. Je remarquais dans le public, et ce depuis le début, une qualité d’écoute, une application à apprendre et comprendre l’histoire des logiciels libres vraiment exceptionnelle. Nous étions sensibles, non pas à un objet d’art classique, mais, à travers une pratique qui ne se considère pas de prime abord comme « artistique », à l’objet DE l’art. A ses règles, dont la première est la liberté et le partage de cette liberté.
– Il était temps de passer à l’explication de la GPL (General Public License) et des aspects juridiques du libre avec David Geraud, juriste. Malgré la complexité du texte et de sa traduction en français non-officielle, les choses sont claires et vraiment excitantes : Il s’agit là d’une licence juridique, initié par la Free Software Foundation, l’association de Richard Stallman et qui ajoute au simple copyright de plus en plus dépassé par les événements, une protection pour garantir la liberté à l’utilisateur de jouir pleinement du logiciel. La GPL empêche la captation propriétaire et permet la libre circulation des informations et de ses sources. Mélanie Clément-Fontaine, juriste et auteur de la première étude juridique sur la GPL (DEA de Droit des créations immatérielles (Faculté de Droit de Montpellier)) reviendra tout au long de ces 3 jours pour préciser la réalité de cette licence et de ses enjeux (voir plus loin).
– A vrai dire, beaucoup de gens dans la salle découvraient un nouveau monde. Une nouvelle réalité dont les impératifs ne sont pas la vente à tout prix, la captation propriétaire et la mainmise sur le monde, mais, à travers des objets réalisés dans les règles de l’art, il est question de liberté, d’égalité et de fraternité. Le débat pouvait commencer et les questions furent nombreuses, les réflexions très intéressantes.
– Eve Nyle, de l’association « PAM », posa la question qui brûlait les lèvres de tout le monde : « c’est bien joli tout ça, mais comment on fait maintenant pour manger? » Que devient la beauté de la liberté face à la réalité économique et sociale des créateurs (artistes & informaticiens)? La réponse a été donné grâce à un exemple par Benoit Picaud (othon en emporte le vent 😉 de Parinux : le produit étant libre, il est donné à une entreprise, mais, pour la configuration du logiciel aux besoins de cette entreprise, il faut payer. Ce n’est pas l’objet qui est source de revenus, mais le service « périphérique » qui s’y attache. Le dérivé du produit.
– À toutes ces questions qui fusaient dans la salle, François Deck proposa à chacun de les rassembler dans une « Banque de questions » qu’il a conçu spécialement pour « Copyleft Attitude ». Un carnet pré-découpé pour recevoir des questions afin de les ordonner, recouper, classer, croiser pour faciliter les réponses et les enrichir d’une transversalité nécessaire.
– J’oublie des interventions passionnantes. La soirée prenait fin, elle aurait pu continuer jusqu’à l’aube. Quelque chose nous tenait en éveil et allumait nos esprits…
# Samedi 22/01/00 :
(autant de monde qu’hier, la table qui reçoit les biens du potlatch croule sous les propositions.)
– Nous commençons avec Eric Watier, universitaire et créateur de la revue « Domaine Public ». Au tour maintenant, des informaticiens, à avoir des informations sur les pratiques artistiques qui peuvent se réclamer d’une attitude proche de l’esprit du copyleft. Eric Watier nous lit un recensement de gestes artistiques qui, depuis 1953, ont pratiqué le don, la gratuité et la perte.
– Brian Holmes rappelle l’exigence de l’art qui a une économie qui n’est pas celle de l’économie marchande. Le travail que fait « Ne pas plier » est un travail de proximité avec la réalité et les problèmes socio-économiques rencontrés dans cette réalité. L’économie du don est moteur pour l’art. Et si on mettait une peu d' »essence financière » dans ce moteur?… Autre chose : dans une logique de proximité auteur/public, que devient le producteur, l’intermédiaire?
– Meryem Marzouki, Présidente d’IRIS (Imaginons un Réseau Internet Solidaire), bien que peu concernée par les question de l’art contemporain, trouvait sa place parmi nous en évoquant l’importance de la protection de la vie privée, de la liberté individuelle et du bien public pour tous les citoyens utilisant ou non les réseaux de communications. La sculpture sociale prend forme aujourd’hui et c’est l’Internet. Les chercheurs scientifiques, se trouvent confrontés aujourd’hui à des restrictions qui mettent en péril leur travail et sa libre circulation, son utilisation. En art, comme en science, la recherche est toujours menacée par les volontés de mainmise sur le savoir et sa circulation.
– Pierre Bongiovani, Directeur du CICV (Centre International de Création Vidéo) se demandait et nous demandait, s’il était dans une attitude copyleft. Qu’est-ce que cela veut vraiment dire? Est-ce une simple posture, une « rock’n’roll attitude »? Certainement pas et donc, cela impliquait quelque chose de beaucoup plus profond que la gratuité et le don, cela impliquait un certain abandon. S’abandonner à concevoir le partage des richesses, des informations, du travail, comme une véritable source de richesse, d’information et de travail. Ce qui est plutôt, de prime abord, déstabilisant. Ou l’équilibre (je ne vous raconte pas l’histoire éclairante de la chaise qui tient sur trois pieds, le quatrième étant celui du déséquilibre…) se trouve dans la mise en œuvre d’un savant déséquilibre.
– Laurent Ciarka, Président du GUL Parinux intervient pour préciser que dans le logiciel libre, il n’est pas question de gratuité et de don, mais bien de liberté. On peu, si on veut, vendre Linux (aussi cher qu’on veut), il n’y a aucune interdiction. La communauté de travail qui œuvre avec les logiciels libres est préoccupée par l’efficacité réelle de son objet, la question du prix est annexe, mais jamais abandonnée. Ainsi, le copyleft n’est pas le domaine public, mais bien un copyright amélioré.
– Olivier Blondeau, sociologue, répondant à une question posée dans le public, faisait comprendre la notion de source d’une œuvre logicielle. Œuvre, d’ailleurs nommée « littérature ». Il y a deux éléments constitutifs de cette source, de cette origine : le code-source (l’écriture proprement dite d’un programme) et la source communautaire, l’ensemble des gens qui utilisent, ont travaillé et sont dans l’éthique de ce qu’ils pratiquent. L’aspect communautaire est essentiel, il est originel. Il va de paire avec l’œuvre.
– Mélanie Clément-Fontaine, juriste et auteur de la première étude juridique sur la GPL, nous précisa, les termes de la General Public License. Elle est tout à fait adaptée à notre société de l’information car elle autorise et encourage le partage du savoir, tout en protégeant cette liberté contre l’emprise propriétaire et purement marchande. L’idée du copyleft n’est pas l’abandon du droit d’auteur, au contraire, c’est le faire valoir, avec cette possibilité de partager le fruit de son travail dans des conditions qui garantissent la libre circulation. La question qu’elle pose aux artistes est celle-là : Le droit est un outil, que voulez vous faire maintenant avec cet outil GPL dans le champ de l’art? Bonne question et les élèments de réponses ne manquent pas…
–Dominique Dufau du CAAP (Comité des Artistes Auteurs Plasticiens), après une autre intervention polémique de Eve Nyle, faisait lui aussi remarquer que la vraie question, avec la liberté et la libre circulation des informations et du travail, était les conditions de vie des créateurs, leur réalité économique. Et ceci amenait à envisager le problème sous un angle franchement politique, dépassant la stricte question du logiciel libre. Il se demandait si celui-ci pouvait véritablement être un modèle ou au contraire, un néo-libéralisme déguisé.
– Pour le Syndicat Potentiel, en la personne de Xavier Fourt, la gratuité n’est pas la chose en soi la plus importante. Même avec la création d’une zone de gratuité en plein Paris, le but recherché par le Syndicat Potentiel est de remettre en cause un système marchand qui ne tolère aucune autre économie que la sienne. Celle de l’art et des travaux particuliers rentrant difficilement dans le moule de la loi absolue du marché.
– Hop hop! Charlie Nestel, professeur à Paris 8 et créateur de Babelweb, fait une apparition brève mais remarquée pour rappeler aux artistes l’histoire de la contestation du copyright par l’Internationale Situationniste et dire combien la GPL et le copyleft est une idée géniale, qui à la fois remet en cause le simple copyright, mais en plus, a l’intelligence, dans le cadre de la loi, de protéger les auteurs contre l’emprise des propriétaires-prédateurs, de la privation d’accès au savoir et de sa circulation. Le rapport entre les logiciels libres et l’art est évident. Mais cela demande une exigence éthique qui ne supporterait pas l’à peu près. C’est radicalement une autre économie, c’est une rupture avec sa logique actuelle.
– Puis Bobig (free art = free artist) distribua des bons de commande pour recevoir gratuitement une œuvre de lui. A la croisé d’un art brut et des nouvelles technologies Bobig est très présent sur l’internet et gagne sa vie en travaillant par ailleurs. Ensuite, les Acolytes de l’Art ont expliqué leur travail basé sur la gratuité, le don et la perte totale même. Ceci n’étant pas véritablement copyleft, mais dans un esprit no copyright qui interroge aussi ce qui domine les échanges. Il fut aussi question d’Ailleurs* en la personne de Thierry Théolier, qui pratique un art qui se veut débarrassé de l’idée de l’art et de ses lieux conventionnels.
– Unglee, artiste photographe, fort de son expérience d’administrateur en 95/96 à la SPADEM, une société d’auteur aujourd’hui disparue, insista sur l’importance pour un artiste à revendiquer ses droits. Comment ce fait-il que la plupart des artistes qui participent à une exposition dans un musée ou un centre d’art ne soient pas rémunérés, alors que le commissaire de l’expo, le personnel du lieu et dans le cas d’une édition de catalogue, le critique d’art, la maison d’édition etc, soient eux payés?… Comment cela se fait-il? Les artistes n’ont-ils pas besoin de manger comme tout le monde?
– Patrick Bloche, Député PS, auteur de « Désir de France » rapport fait au 1er ministre sur la présence internationale de la France et de la francophonie dans la société de l’information, posa les problèmes auquels sont confrontés les artistes pour protéger leurs droits avec les NTIC. Cette question est essentielle et se confronte toujours à des volontés de pouvoir de la part des plus forts. Une solution pourrait-être, ce qui a été proposé lors de la Commune de Paris : considérer les artistes comme « travailleurs culturels » et les rétribuer en fonction. Cette proposition est à envisager avec prudence.
– Les questions, encore une fois ne manquèrent pas. Je serais bien incapable ici et dans le temps que je me donne pour écrire ce compte-rendu rapide et forcement incomplet, de traduire la richesse des échanges et des réflexions. Les perspectives s’annoncent passionnantes.
# Dimanche 23/01/00 :
(moins de monde que les 2 jours précédents, quelques uns seront venus les 3 jours, d’autres 2 ou 1 seul)
– Philippe Mairesse, au nom d’Acces Local, commença en expliquant la position artistique et économique du travail que fait Acces Local et dire sa résistance à la libre circulation du travail, à l’investissement dans l’immatériel comme source de valeur et préférant au flux généré, un arrêt, une immobilisation pour maîtriser cette inflation jugée extrêmement néo-libérale et allant dans le sens de ce contre quoi elle est censée s’opposer. Idem, pour la notion d’auteur. Le copyleft, n’est-il pas la disparition de l’auteur au profit d’une économie impalpable, immatérielle, insaisissable et qui, avec la force de la circulation, emporte toute résistance à son passage?
– Ce à quoi je répondais que la circulation du savoir et des objets répondait à du transport, voire même, à du transport amoureux, tout simplement. Ce qui est en jeu avec le logiciel libre, ce n’est pas tant l’application à la réalité (celle que l’on subie et qui nous écrase du poids de sa « nature ») mais bien plutôt une recherche fondamentale de réel, celui qu’on crée contre toute réalité. Liberté, égalité, fraternité! Avec la liberté, c’est l’égalité et surtout la fraternité que nous recherchons. L’économie qui sous-tend le logiciel libre est exemplaire de cette attention qui trouve racine dans toute exigence révolutionnaire ou tout simplement humaine. Le marché ne fera pas la loi à lui tout seul, il y a des règles de l’art dans tous domaines et celles-ci sont faites pour notre liberté en toute égalité et fraternité. On est pas des chiens, ni même des requins…
– Roberto Martinez d’expliquer son insatisfaction en tant qu’artiste à la situation économique et juridique de l’art actuel. La plupart de ses travaux échappant aux critères de jugement voire même de valeur des galeries et des gens du monde de l’art. Alors, quelle attitude, quelle position prendre? Baisser les bras? Non, mais poursuivre une pratique qui répond à certaines exigences et l’opposer à ce qui fait force de loi. Les artistes ne sont pas des extra-terrestres et ce qu’ils développent doit être apprécié à sa juste valeur.
– Mine de rien et sans en avoir vraiment conscience, certaine pratiques artistiques très simples, mais exigeantes, correspondent à l’esprit d’une attitude copyleft. Olga Kisseleva nous montra une série de diapos où elle pose, dans différentes régions du monde, quelques questions élémentaires comme : « how are you? » Cette attention vers l’autre et son implication inscrite dans le travail de l’artiste est une recherche de liberté, d’égalité et de fraternité qui va de paire avec l’esprit du copyleft.
– Eric Maillet s’interrogeant sur ce qui actuellement est un art copyleft. Certainement pas ce qui se revendique gratuit et dégagé du droit d’auteur. Une discussion passionnée à ce sujet, entre artistes, montra que les notions qui sont contenues dans le copyleft embrassent des choses importantes et sensibles. Puis, une cyber-jambe fit son apparition, puis, d’autres choses, je ne me souviens plus exactement.
– Frédéric Goudal, photographe et informaticien conclu sur ce bon conseil : lire la GPL (par ex ici : http://www.linux-france.org/article/these/gpl.html). Car trop souvent la confusion et faite entre le copyleft et le domaine public, la gratuité, l’abandon du droit d’auteur, etc… Auparavant, il faisait part de sa double expérience d’artiste et d’informaticien et se posait des questions sur comment agir maintenant qu’on a croisé les regards entre GPL et Art contemporain.
- – Maintenant c’est ça :
Les 24, 25 ,26 Mars 2000 à public>, 4 impasse Beaubourg, 75004 Paris (horaires à préciser)
Deuxième partie de « copyleft attitude » : elle est orientée travaux pratiques, compte rendu de la première partie, perspectives d’actions et élaboration de la revue « Allotopie » qui rendra compte de « Copyleft Attitude ».
En attendant on peu participer à la mailing-liste « art et gauche d’auteur » (sur le site de « copyleft attitude » http://copyleft.tsx.org.) Quelque chose se construit, qui n’est pas une cathédrale, mais un joyeux bazar où on va trouver tout simplement son bonheur.
– Retransmission sur le canal « art et culture » de la Citoyenne sur à partir du jeudi 27 janvier.
Antoine Moreau, Compte-rendu de « copyleft attitude » les 21,22 et 23/01/2000 à Accès Local. (version 1.0)(26/01/00)
Copyleft : Cette information est libre, vous pouvez la redistribuer et/ou la modifier selon les termes de la Licence Publique Générale GNU telle qu’elle est publiée par la Free Software Foundation http://www.fsf.org/ ; soit la version 2 de cette licence, ou (à votre choix) toute autre version ultérieure.
Il est demandé de m’envoyer auparavant votre texte de façon à préserver la justesse des faits rapportés. Votre nom, e-mail et date de la modification du texte source figurera explicitement dans le texte.
Ce texte copylefté figurera ici : http://antomoro.free.fr/c/cc/copyrendu.html et sera, dans les conditions admises ci -dessus, libre de circulation et transformation par d’autres participants à ces journées.
Ce travail est distribué dans l’espoir qu’il sera utile. Voir la Licence Publique Générale pour plus de détails http://www.linux-france.org/article/these/gpl.html (version française non officielle) ou écrivez à la Free Software Foundation, Inc., 675 Mass Ave, Cambridge, MA 02139, USA.