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Antoine Moreau Expositions mode d'emploi n°6.

Extrait du mode d’emploi d’exposition n°6.0, introduction, à partir d’Albi, aux 5 expositions
qui se se trouvent dans le département du Tarn :

Pour voir
les expositions vous avez besoin d’un mode d’emploi d’exposition.
Vous en trouverez ici et là et dans chacune des 5 villes
en divers lieux (mairie, syndicat d’initiative, M.J.C. Office du tourisme).

Prenez aussi des feuilles copyleft
pour noter ou dessiner ce que vous voyez de l’exposition.

Il y a
5 expositions
5 modes d’emploi pour les voir.

Voici les points de départ :
Exposition mode d’emploi n°6.0 : Albi (tel : 05 63 47 14 23)
Exposition mode d’emploi n°6.1 : Brassac, Mairie (tel : 05 63 74 00 18)
Exposition mode d’emploi n°6.2 : Alban, Collège et Mairie (tel : 05 63 55 82 09)
Exposition mode d’emploi n°6.3 : Dourgne, Mairie (tel : 05 63 50 31 20)
Exposition mode d’emploi n°6.4 : Labruguière, M.J.C. (tel : 05 63 73 33 50)
Exposition mode d’emploi n°6.5 : Carmaux, Centre Culturel (tel : 05 63 76 85 85)

Les expositions mode d’emploi durent
du 19 mai au 19 juillet 2006.
Mais perdurent tant que les peintures ne sont pas découvertes.

Bonnes expositions !
Bons pieds
bons yeux !

Vernissages le 19 mai 2006 à partir de 14h.

  • Les modes d’emploi d’exposition n°6 à télécharger en ligne (à partir du 19 mai).
  • Cimaise et Portique.
  • Journée du libre à la Médiathèque de Mons (îlot de la grand-place), Belgique.

    Cette journée débutera le vendredi soir par un concert de Concert Orco et Natural Sheen à 20H00.

    Au programme :

    Conférences

    Matin dés 10H00

    – Emmanuel Codden (La culture libre)
    – Olivier di Stefano (Les logiciels libres dans l’art -numérique)
    – Robert Viseur (L’économie du libre)
    – Michel Cleempoel (Le libre et l’enseignement artistique)

    Après Midi dés 14H00

    – Isabelle Vodjdani (Présentation de la Lal )
    – Nicolas Malevé (Présentation des CC)
    – Izida Khamidoullina ( Le libre et l’enseignement)
    – Laurent Kratz (Le projet Jamendo)

    17H00 Conclusions

    Concert

    20H00 Les Bernardo

    L’entrée est gratuite.
    Evénement organisé par la Manufactor dans le cadre du festival d’arts numériques Numérix

  • L’info sur le site de culturelibre.net
  • Soirée-débat : les logiciels libres

    PROJECTION UNIQUE de NOM DE CODE : LINUX suivie d’un débat avec Antoine MOREAU, co-rédacteur de la licence Art libre, initiateur du collectif Copyleft Attitude (artlibre.org) Gérard ELBAZE, directeur de Média-cité (Centre de ressources pour les usages du multi-média – medias-cite.org) et Eric AOUANÈS, co-fondateur de l’association musique-libre.org

    Tarif unique : 3,50 euros

    L’utopia
    Musique-Libre.org

    Projet de loi DADVSI

    sauvons le droit d’auteur

    Ce projet de loi doit être examiné en décembre 2005 par le Parlement au cours de deux séances de nuit rapprochées. Si ce projet est adopté en l’état, des conséquences sociales, économiques, stratégiques et démocratiques seraient majeures et irréversibles. Ces conséquences frapperont tout utilisateur de données numériques dans sa sphère privée, personnes physiques et morales (associations, sociétés, administrations).

    2e Forum de la Formation Continue en Suisse romande.

    A l’image des Forum Sociaux et des Forums Economiques, ce Forum de la formation continue a pour vocation de favoriser les échanges entre acteurs autour d’un thème d’actualité.

    Le thème dynamiques participatives et eCulture est au coeur des enjeux de la société de l’information, et c’est une des grandes préoccupations actuelles dans les systèmes éducatifs.

    Il n’est pas question d’informatique mais bien de méthodes d’échanges et de formation, certes appuyées par l’omniprésence de l’informatique dans notre quotidien. Dans ce forum ouvert, des praticiens expérimentés viennent vous partager leurs expériences pour situer les enjeux, puis nous abordons ensemble les sujets qui vous tiennent à coeur, et au final nous dégageons des propositions concrètes et applicables dans vos pratiques professionnelles.

    Colloque international « Arts, Entreprises & Technologies »

  • Communiqué de presse :
  • « Ce colloque, entend rapprocher les acteurs de trois mondes : le monde de l’art, le monde de l’entreprise, le monde des technologies et des industries du numérique, dans le contexte des débats ouverts à propos du développement industriel et culturel de l’Europe.

    L’entreprise aujourd’hui ne cesse de se porter au-delà des frontières qui la cantonnaient à l’univers de la rationalité gestionnaire, et dans un monde en mutation rapide, elle se doit d’inventer, de créer, d’innover. La « plasticité » de l’artiste devrait-elle dès lors être appelée à la rescousse d’une entreprise sommée de « créer » ?

    D’un autre côté, l’art, de la première modernité jusqu’à nous, n’a cessé de se porter au-delà des frontières qui lui assignaient une place fixe et une fonction simplement décorative sur les murs du collectionneur ou les cimaises du musée. L’art a voulu aller vers la vie même et se porter à la rencontre des autres systèmes symboliques ou sociaux : systèmes des médias et des industries de l’imaginaire (avec un artiste comme Andy Warhol et le Pop art), système de la ville et de l’espace public (avec les arts de l’environnement, et des artistes comme Christo, ou encore Beuys, et son idée d’un art conçu comme sculpture sociale), système technoscientifique (avec les arts du numérique), et même système économique (avec l’économic’s art, ou les expériences d’artistes entrepreneurs qui se multiplient aujourd’hui, sans compter les collaborations directes entre artistes et entrepreneurs).

    Enfin, la guerre économique se mène aujourd’hui dans le champ culturel et esthétique. C’est en effet par la culture que l’on modèle les goùts et les comportements des consommateurs. Ainsi, la part de l’imaginaire » va croissant dans les produits que nous consommons et échangeons et la culture est devenue un enjeu industriel et marchand considérable, plaçant l’esthétique au cœur même de l’économie de marché actuelle.

    Si ces trois paradigmes font l’objet de très nombreuses recherches, et constituent même des champs de recherche spécifiques et structurés, mais ils n’ont jamais été, à notre connaissance, articulés dans une approche interdisciplinaire – alors même que la nécessité de cette articulation s’impose à l’évidence. « 

  • Le texte de la conférence d’Antoine Moreau.
  • Séminaire DANTE, droit d'auteur et nouvelles technologies.

    Les plasticiens, travailleurs intellectuels d’un secteur professionnel en pleine structuration, prennent peu à peu conscience de l’importance de la question des droits d’auteurs, non seulement comme enjeu économique mais aussi comme moyen d’asseoir leur reconnaissance professionnelle.

    Le projet Dante prévoit l’organisation d’un séminaire national sur la question des droits des arts visuels où seront rassemblées toutes les parties concernées : artistes, organisations professionnelles, société d’auteurs, institutions et experts. L’objectif étant de partager les connaissances des droits d’auteur et le champ d’application au niveau national en inscrivant cette réflexion dans une perspective européenne.

    Cet espace de travail s’est fixé pour double objectif de réaliser un état des lieux de ces droits et d’analyser leur application juridique. Force est de constater que la réactualisation de la défense des droits d’auteur correspond aussi au développement des nouveaux supports de diffusion, renouvelant cette question et indiquant l’urgence d’aménager des espaces de concertation afin que l’application des lois puisse être connue et observée par toutes les parties.
    Un travail de fond est actuellement mené avec le Conseil général des Côtes d’Armor sur la rédaction d’une charte d’accueil des artistes plasticiens prenant en compte ces problématiques du droit et applicable par l’ensemble des intervenants du secteur de l’image fixe. Le séminaire s’attachera donc aux droits collectifs et à leur ajustement aux nouveaux supports technologiques, au droit de présentation publique et au droit de suite.

    La question des droits est déterminante pour l’amélioration des conditions d’existence et de travail des artistes plasticiens et ne peut être subordonnée à la forte hétérogénéité des modes de production de ce secteur d’activités. Rappelons qu’une étude du Département d’Études et Prospectives du Ministère de la Culture estimait à près de dix mille les artistes plasticiens contraints d’avoir recours aux minima sociaux, notamment aux RMI. Cette précarité deviendra structurelle si le cadre législatif ne crée pas de nouveaux niveaux fonctionnels.

    Une lecture critique et partagée des droits d’auteur peut avoir des effets structurants sur ses conditions d’application, et concourir par là même à une reconnaissance des activités de création.

    Programme (sous réserves) :

  • Vendredi 28 :
  • 10:00 ­ 10:30
    Accueil des participants, remise des dossiers.

    10:30 ­ 11:00
    ouverture des travaux avec les institutions
    Intervenant : le SNAPcgt par la lecture d¹un texte commun aux organisations
    professionnelles, le Conseil général des Côtes d’Armor, le Conseil régional
    de Bretagne, la Délégation aux Arts plastiques
    (7 mn. chacun).

    11:00 ­ 11:30
    État des lieux du droit d’auteur, construction et enjeux de la
    reconnaissance.
    Exposé : Olivier Yacoub (Avocat spécialisé dans le droit d’auteur)

    11:30 ­ 13:00
    La mise en oeuvre du droit de présentation publique et l’importance de la
    contractualisation.
    Intervenant : CG 22, Serge Kancel (Inspecteur du Ministère de la Culture,
    auteur d’un rapport sur le droit de suite et d¹un autre sur le droit de
    présentation publique) ou Jean-Phillippe Troubet (juriste de la DAP),
    Olivier Brillanceau (directeur gérant de la SAIF), Thierry Le Saec (auteur
    et secrétaire général du SNAPcgt Bretagne), Concha Jerez (artiste espagnole
    et présidente de l’Union des associations d’artistes plasticiens d’Espagne).
    Modératrice : Katerine Louineau (auteur et trésorière du Comité des artistes
    auteurs plasticiens)

    13:00 – 14:00
    Déjeuner.

    14:00 – 15:00
    L’incidence du droit d’auteur sur la diffusion des oeuvres. L’application de
    la directive européenne sur le droit de suite. La diffusion par la presse et
    le respect des auteurs.
    Intervenant : Le Comité des Galeries d¹art, le SMPI ou M. Vaneste (députUMP,
    raporteur du projet de loi sur le droit d’auteur), Agnès Tricoire (avocate
    spécialisée dans le droit d’auteur), Christiane Ramonbordes (Directrice
    adjointe de l¹ADAGP), Vincent-Victor Jouffe (auteur et président du SEPA à
    Rennes), Jorge Alvarez (auteur et secrétaire général de l’UPC).
    Modératrice : Jackie Reynier (Auteur et trésorière du SNAPcgt)

    15:00 – 16:00
    Les oeuvres et le développement des nouvelles technologies. Moyens d’échange
    (peer to peer, blog audio, station ripper,Å ) et de contrôle (Digital right
    management), quels moyens offrent les réseaux ?
    Philippe Chantepie et/ou Alain Le Diberder, auteurs de « Révolution numérique
    et industries culturelles »

    16:00 – 18:30
    Pénalisation du Piratage ou licence globale ? quels choix pour rémunérer
    équitablement les auteurs ?
    Intervenants : Christian Paul (député PS de la Nièvres), Jean Vincent
    (directeur des affaires juridiques de l¹Adami et membre du bureau de
    l¹Alliance public-artistes), une association de consommateurs, un
    représentant du site de vente légale de la FNAC.
    Modérateur : Guillaume Lanneau (Auteur et secrétaire géréral adjoint du
    SNAPcgt).

    18:30
    Fin des débats

  • samedi 29 octobre
  • 9:30 ­ 10:30
    Faut-il des droits d’auteur ?
    Intervenant : Antoine Moreau (Copyleft Attitude), Bruno Charzat (auteur et vice-président de la
    SAIF), Nadia Walravens (juriste et membre de l’association Art & droit).
    Modérateur : ?

    10:30 ­ 11:30
    Droits d’auteur : quelle est l’utilité de la gestion collective par rapport
    à la gestion individuelle ?
    Intervenant : Christian Chamourat (auteur, président de l’Agessa et membre
    du conseil d’administration de la SAIF), Claudia Andrieu (directrice de
    Picasso administration), un auteur ayant fait le choix de la gestion
    individuelle.
    Modératrice : Marie-Noëlle Bayard (Auteur et présidente du Syndicat national
    des Designer textiles).

    11:30 ­ 12:30
    Le statut des auteurs (code de la propriété intellectuelle, code de la
    sécurité sociale, code général des impôts).
    Intervenant : Catherine Texier (directrice de l’artothèque du Limousin),
    Dominique Sagot-Duvauroux (économiste spécialistedes secteurs culturels),
    Danny Devos (responsable du NICC en Belgique), Catherine Millet (auteur et
    rédactice d’Artpress), Irène Ruszniewski (auteur et secrétaire générale
    adjointe du SNAPcgt).
    Modérateur : Alain Puech (Auteur)

    12:30 ­ 13:30
    Déjeuner.

    13:30 ­ 15:30
    Droit d’auteur : appréhension et application de ce droit, quelles réalités
    territoriales ?
    Intervenants : Un-e élu-e du Limousin, Bernard Morot-Gaudry (auteur et
    secrétaire général du Syndicat national des sculpteurs et plasticiens), le
    CG 22, le CR Bretagne, la DAP, la DRAC Bretagne, Olivier Delavallade
    (directeur artistique de l’Art dans les chapelles, directeur de
    l’artotheque de Nantes et enseignant à la faculté de Lorient), Éric Mangion
    (directeur du FRAC Paca) ou Emmanuel Latreille (président de l¹association
    des directeurs de FRAC) ou Otto Teichert (directeur de l’École des
    Beaux-Arts de Marseille), Frédéric Dutoit (député des Bouches-du-Rhônes)
    Modérateur : Pierre Garçon (Auteur et élu dans les Pays de Loire).

    15:30 ­ 16:00
    Pause

    15:30 ­ 16:00
    SynthÃ
    ¨se par un étudiant ayant travaillé avec Annie Roy

    16:30 ­ 17:30
    Nos droits d’auteurs ont-ils de l’avenir ? (interventions des
    organisations professionnelles)
    Modératrice : Catherine Binon

    17:30 – 18:00
    Clôture du séminaire

    Remerciements

    Frédéric Goudal, Antoine Moreau, Tangui Morlier, Leroy K. May, Nicolas Vérité, Jérémie Zimmerman, Julien, Sandra et tous les participants des listes copyleft_attitude@april.org et kernel@artlibre.org.

    Qu’ils en soient tous chaleureusement remerciés.

    Romain d’Alverny, 2002-2003.

    Puis-je publier une oeuvre placée sous LAL dans un ensemble qui ne l'est pas?

    Oui, c’est possible.

    l’article 3 de la licence stipule que :
    « Tous les éléments de cette oeuvre doivent demeurer libres, c’est pourquoi il ne vous est pas permis d’intégrer les originaux (originels et conséquents) dans une autre oeuvre qui ne serait pas soumise à cette licence ».

    Cette interdiction s’applique seulement aux originaux. Une copie servile de l’oeuvre peut donc être intégrée à un ensemble (compilation, anthologie, album, collection,…) ne relevant pas de la LAL. A condition, bien sùr, que la mention LAL soit spécifiée pour votre oeuvre.

    Exemple 1 : on peut envisager qu’une photographie placée sous LAL, puisse servir d’illustration pour un article qui ne l’est pas. Dans ce cas, la légende de la photographie doit indiquer la mention de l’auteur et de la licence. Par contre, on ne peut pas envisager que la photographie soit modifiée par la superposition d’un texte ne relevant pas de la LAL. Car dans ce cas, nous aurions affaire à la création d’une oeuvre conséquente originale, qui mêle texte et photo. Cette oeuvre conséquente devrait donc être également soumise à la LAL.

    Exemple 2 : Un morceau de musique sous LAL peut être utilisé comme musique de film. Oui, à condition que le générique produise la mention du morceau, de son auteur et de la licence. Non, si ce morceau est mêlé à des bruitages ou autres éléments sonores qui ne sont pas soumis à la même licence.

    De la confiance comme de l'un des beaux-arts.

    Couv. Voix du Regard

      Une série d’œuvres sous Copyleft, à partir des Sculptures Confiées d’Antoine Moreau
      Onze tables épaisses et lisses (Guillaume Fayard)
      Sculpture confiée n°535 (Antoine Moreau)
      SC535 (Jivezi)
      Un exemplaire de la Licence Art Libre est disponible sur le site www.artlibre.org

    Le concept du Copyleft, issu de la réflexion sur les logiciels libres, remet en question la propriété intellectuelle telle qu’elle est définie aujourd’hui (voir encart en infra). La Licence Art Libre, dans ce contexte, est un cadre légal « libre » pour les œuvres d’art – c’est avant tout une opération intellectuelle, affectant le statut de l’œuvre.
    Elle la sort de la propriété (dans son sens restrictif) et lui assure une existence ouverte pour la rendre disponible à une appropriation partenaire. Beauty lies in the eye of the beholder 1 Littéralement « La beauté est dans l’oeil du regardeur. » : on dit que le spectateur fait l’œuvre. Avec le Copyleft, le spectateur peut faire l’œuvre et lui faire suite.

    535 jivezy

      Encart :
      Du Copyleft à la création artistique
      Le terme de « Copyleft » est à l’origine une boutade jouant sur l’inversion du terme Copyright. Ce terme est issu de la réflexion sur les logiciels libres. Richard Stallman l’invente en 1984, dans le cadre du travail effectué par son équipe de la Free Software Foundation (FSF). Au Massachussetts Institute of Technology, ils développent un système d’exploitation libre pour les ordinateurs, le système GNU 2 Gnu is Not Unix (UNIX est un système d’exploitation propriétaire pour ordinateurs, dont le code est soumis au Copyright et donc impossible à visualiser, modifier, utilisé par Windows notamment). Voir www.gnu.org/copyleft/gpl.html. La licence GPL (General Public Licence), la première des licences Copyleft, est mise au point à ce moment-là pour assurer à l’auteur d’un logiciel sa reconnaissance en tant qu’auteur (son nom doit être mentionné) tout en laissant le code-source du logiciel accessible et modifiable (ce qui n’est pas le cas pour les logiciels propriétaires, dont le code est verrouillé).

      La pratique de l’internet et l’observation de la communauté des informaticiens qui font et utilisent les logiciels libres sont à l’origine du mouvement artistique Copyleft Attitude. La Licence Art Libre est une adaptation de la General Public Licence aux œuvres d’art. Ainsi, l’origine des licences libres se confond avec l’innovation informatique et la naissance de l’internet, qui, faut-il le rappeler, outre des débuts initiés par l’armée américaine, fut un temps un espace de libre expression et de partage des savoirs, un lieu d’utopie au sens propre du terme : une île imaginaire en même temps qu’un souhait, un projet par définition irréalisable. En un mot : une éthique.

      La publication de Libres enfants du savoir numérique en 2000 3 Olivier Blondeau et florent Latrive (dir.), Libres enfants du savoir numérique, Anthologie du « Libre », Nîmes, Éditions de l’Éclat, 2000. Version web sur le net à www.freescape.eu.org/eclat, a fait beaucoup pour la diffusion du Copyleft en France. Nous vous y renvoyons pour plus de détails sur les implications philosophiques de ces réflexions. Par ailleurs, un exemplaire de la Licence Art Libre est disponible sur le site www.artlibre.org, un des principaux sites relais de la création sous Copyleft en France.

    • Sculpture confiée n°535 – rappel des circonstances

    J’ai pris connaissance du projet des Sculptures Confiées d’Antoine Moreau le 27 mars 2004, à l’occasion d’un café-philo sur le Copyleft à Apt dans le Luberon, animé par Philippe Mengue et Antoine Moreau.
    Le lendemain matin dans les locaux de l’association Plak’art, gérée entre autres par la web-artiste Jivezi, Antoine m’a remis une sculpture. C’est une enveloppe de papier kraft de format standard ; elle est scotchée sur les côtés étroits, et contient quelque chose de fin. Elle porte le numéro 535. Il m’en a brièvement expliqué le principe.

    – Sculptures Confiées : la sculpture est confiée, note est prise du lieu, du nom de la personne et de la date. La sculpture est confiée « à confier ». Elle doit circuler. Mieux, elle n’existe que si elle circule. Lorsqu’elle change de main, il suffit de prévenir Antoine, donner les nouveaux noms, lieux et dates, afin qu’il mette à jour ses informations concernant la sculpture.

    Je suis rentré chez moi tranquillement, l’enveloppe dans mon sac. Ce que j’ai su peu après en surfant sur le net, c’était que les sculptures d’Antoine étaient confiées ainsi depuis 1993, confiées et passées ensuite de main en main depuis… onze ans !
    La confiance d’une enveloppe. La confidence du temps, me suis-je dit ensuite.

    L’enveloppe est là, sur la table. C’est une sculpture. La table est obstruée de couches successives d’histoires administratives, institutionnelles, relationnelles, familiales. Diverses temporalités épistolaires, retardées par des délais d’acheminement : elles sont entassées, fomentent contre moi une liste des priorités interminable peu aisée à déterminer. Il va bien falloir commencer quelque part. Épaisseur des priorités. L’enveloppe attend. L’enveloppe surnage quelques jours, une semaine passe, l’enveloppe disparaît tout à fait.

    • L’art comme connaissance pratique

    Une forme de connaissance pratique découle du rapport entretenu avec les œuvres d’art : le roman est un bon exemple de ces espaces codifiés où l’on va « s’entraîner » à la vie, où l’on sait qu’hommes et femmes vont jouer leur identité, leurs penchants, exercer leur oreille à la relation, se perfectionner dans l’art savant du jeu dramatique. Sculpture de soi, peaufinage. En cela l’art constitue une sorte de lieu parallèle, disponible, un lieu où ça « ne compte pas », un lieu où se refondre, un espace d’existence virtuel.

    Par ailleurs, si on peut parler d’une connaissance pratique découlant du rapport aux œuvres, c’est qu’on ne doit pas négliger la matérialité des œuvres d’art. Elles existent comme des faits avérés, aussi palpables qu’une machine, un arbre, une pierre, un trousseau de clés. L’existence des œuvres comme objets du monde éclaire la démarche de citation, de reprise – l’intertextualité en littérature, le détournement dans les arts plastiques, l’émulation entre artistes. Une phrase, une pierre ou une image sont autant de fragments réappropriables du monde. Chacune a toute raison de faire l’objet d’un commentaire, d’une mise en scène, toute raison de recueillir un nouvel éclairage. Une connaissance, pratique, du monde en découle. Mais le terme de connaissance pratique est aussi un bon angle d’approche pour aborder les Sculptures confiées qu’Antoine Moreau fait circuler depuis plus d’une dizaine d’années.

    • Antoine Moreau, présence imperceptible

    Outre son infatigable activité de médiation du Copyleft et de la Licence Art Libre dont il est l’initiateur (voir encart en infra), Antoine Moreau se caractérise par une plus qu’étonnante invisibilité
    .
    Son jeu préféré se joue entre les genres et les statuts, les catégories, un jeu qui consiste, précisément, à se placer dans l’entre. Une logique de la faille, de l’interstice, est à l’œuvre dans son travail : les vitagraphies 4 Je renvoie une fois pour toutes au site d’Antoine Moreau, www.antoinemoreau.org. Sur les sculptures confiées, voir notamment : http://antoinemoreau.org/index.php?cat=sculptures, une de ses séries de peintures, sont de larges toiles qui font office de peinture mais peignent en enregistrant, au sol, le passage des événements, c’est-à-dire des spectateurs. Les peintures de peintres – une autre série un peu particulière – sont toutes effectuées sur la même toile, l’une recouvrant l’autre et s’ajoutant à elle.

    Les Sculptures Confiées, de même, disparaissent. L’invisibilité est au cœur de la démarche d’Antoine Moreau en même temps qu’une paradoxale présence, par un minimalisme du geste, dont l’un de ses sites personnels fait habillage 5 Voir http://antoinemoreau.net : le design du site repose sur les fonctions par défaut de votre navigateur ; vos choix habillent la page. Pour paraphraser Ludovic Bablon (romancier) dans sa critique du monde de l’édition, son travail « disparaît de sa propre apparition » 6 « Dans ce processus, l’important, c’est que le texte a pour ainsi dire disparu de son apparition. » Ludovic Bablon, Édition d’auteur – 2/ Un attentat industriel : la prise de pouvoir du non-art, bablon.rezo.net/Chroniques/Edition2.htm. Manière d’en appeler à la figure de l’achéropoïétique : c’est-à-dire ce qui se situe « hors de tout faire » humain 7 Comme le Saint Suaire de Turin par exemple., de tout geste prétendùment expressif, passage qui ne laisse rien ou presque : une intention.

    Les squats exploitent les espaces vacants 8 Le collectif d’artistes et d’architectes Romains Stalker, dans ses déambulations urbaines hors-sentier propose de la même façon un recyclage habile de l’espace public. cf : www.stalkerlab.it. Antoine Moreau de même passe outre les assignations pour devenir insaisissable, sans pour autant perdre en humanité ce qu’il gagne en transparence. Qu’y a-t-il dans le silence d’un soir? La rumeur du lieu, son mélange. Le registre dans lequel joue la série des Sculptures s’étend du don à la confidence, de la confiance à la dation peut-être – comme dans une vente aux enchères l’œuvre est préemptée (retirée de l’enchère et acquise à un prix plus accessible par une institution), ici par celui qui la reçoit – tout un chacun qui vient à croiser la route d’Antoine Moreau. Celui-ci voyage beaucoup ; il y a de fortes chances qu’il passe près de chez vous à l’occasion.

    • Les Sculptures Confiées

    Les sculptures sont nombreuses : plus de 535, on ne saurait dire combien. De forme anodine généralement (boîtes, cahiers, « machin » noir mystérieux). Le nom des confidents est parfois célèbre ou bien c’est le vôtre ou le mien. On sait que des boîtes ont circulé ; des carnets, des morceaux d’étoffe, des enveloppes. Elles ont toutes un destin singulier : elles circulent, se perdent, sont broyées à la casse avec la voiture qui les contenait 9 Comme la sculpture n°345, confiée à Claude Rutault le 19 janvier 1995., passent à la machine à laver, parcourent le globe de Paris au Japon avant de disparaître. Leur parcours en lui-même est discours : marquer un passage, « au » passage, marquer, « de » passage : inscrire la rencontre d’une trace de ce qui s’y jouerait.
    Ce en quoi les sculptures sont un objet relationnel, qui ne se suffit pas de ses propriétés. Métaphore de la rencontre, potlatch dans lequel on ne sait pas très bien ce qu’on donne soi-même – sans aucun doute beaucoup puisque le « présent » n’est jamais où on l’imagine.

    Que la sculpture que j’ai reçue ait été une enveloppe n’est pas anodin : vous me direz qu’une enveloppe, comme sculpture, on a vu plus galbé, plus imposant, plus féminin. Précisément. C’est que l’enveloppe, de sculpture, glisse vite vers sa problématique épaisseur de sens : entre sa non-sculpturalité, sa volonté de faire fiction et la connivence amusée qu’elle installe. Mais l’objet alors? Où est-il en définitive? Une Sculpture Confiée est de préférence un objet commun, quelque chose qui puisse n’être pas vu… On l’aura compris.

    Connivence : la « sculpturalité » de cet objet pourrait bien être de nature contractuelle : la sculpture existe dans la mesure où nous avons accepté la confidence, le legs, le geste. La sculpture n’est-elle pas précisément dans le geste? N’aurait-on pas affaire à une sculpture sociale (Joseph Beuys)? La positivité de l’enveloppe réside dans l’acte de pensée qu’elle génère, réceptacle pour une connaissance pratique à venir dont l’un se contente de l’initier tandis que les autres la font circuler.

    La création est ce qu’en fait le spectateur. L’objet de l’art est l’art des transitions. Pratique intersticielle. Bastien Gallet, sur les musiques électroniques : « S’il est un art du mix, c’est l’art des transitions. Une transition n’est pas la rencontre arrangée de deux morceaux qui se suivent, elle est cette zone intersticielle qui abolit les différences afin d’engager de l’un à l’autre un passage continu. » 10 Bastien Gallet, Le Boucher du prince Wen-Houei, Enquêtes sur les musiques électroniques, Paris, Musica Falsa, 2002.

    • 11 tables épaisses et lisses

    Cette sculpture est chez vous. Il faut bien en faire quelque chose… Tout d’abord, vous ne l’avez pas rangée parmi vos autres sculptures, tout simplement parce que vous n’en avez pas d’autres. Vous avez essayé de la disposer bien en vue, mais son aspect décoratif n’est pas au premier abord évident. L’enveloppe, comme poster, est victime d’un certain déficit d’image. Alors vous vous êtes résigné à la déposer quelque part, à la classer au mauvais endroit, à la laisser traîner là, sur la table. Elle y est depuis quelques jours.

    1. L’enveloppe
    a pris place parmi les objets de l’appartement.
    Quelqu’un a dit « oh non ce n’est pas possible
    ce ne peut pas être une sculpture », elle a ri.
    L’enveloppe a perturbé
    les attentes qu’on pouvait avoir
    en matière de sculpture –
    les attentes qu’on pouvait avoir kraft
    en matière d’enveloppe

    2. Sculpture selon toute attente supposant épaisse,
    une femme un corps animal monstre,
    hors norme visage yeux vides

    Tandis que pour autant nous n’attribuons pas préalablement épaisseur à une enveloppe
    lisse impeccablement scotchée
    posée sur la table tranquille
    L’épaisseur est toujours déjà  là
    & ce qu’on peut mettre dedans, y est.

    Enveloppe de critères autour des mots.
    La Sculpture était là, la feuille était profonde [ ].

    (extrait de Onze tables épaisses et lisses, (11 à venir) www.table-periodique.tk )

    Pourquoi onze, très précisément ? L’épaisseur du biographique est telle que divers 11 viennent justifier ce choix… Onze jours pendant lesquels une pochette, ma pochette, s’égare entre Marseille et Montpellier. En
    veloppe, pochette, tables, épaisseurs… Onze sections où dans un même jeu, surfaces, sculptures, transparences et circonstances se développent en tables, périodiques.
    Pour ce texte, onze mots-tables, par ordre d’apparition :
    â–¡ profonde
    â–¡ accompagné
    â–¡ pile
    â–¡ lisséité
    â–¡ soins
    â–¡ rectangle
    â–¡ étroits
    â–¡ griller
    â–¡ consécutifs (ou conséquences)
    â–¡ vent
    â–¡ relief

    La fin du texte aborde les critères de ce que serait une sculpture, de ce que pourrait être notre rapport à une œuvre. Puis l’enveloppe s’ouvre et dévoile son contenu (suspense). Pour finir, en guise de potlatch, un auteur est confié par association d’idées : Dominique Meens 11 Lire notamment l’Ornithologie du Promeneur, volumes I, II et III, Allia ; Aujourd’hui je dors, Paris, POL et dernièrement L’Aigle abolie, POL, 2005..
    Il l’est en réponse à la confidence de l’enveloppe – à ce qu’elle m’a appris des épaisseurs, pour des raisons qui tiennent à la fois du passage furtif des oiseaux dans ma fenêtre proche, et de la proximité de l’enveloppe avec son livre sur ma table. La topographie comme mode de classement. Auteur furtif s’il en est, Meens est capable de virevolter là où on ne l’attend pas. Nous aimons l’imaginer rencontrer Antoine un jour d’automne frais et radieux, comme si le don avait pris corps, et peut-être… Toujours est-il que les oiseaux.

    Antoine Moreau, enchanté de voir son enveloppe faire lettre, a « continué » mon texte. Les Onze tables sont une façon de « sculpture » textuelle, par le biais des mots-tables qui apparaissent dans le texte, mais peut-être surtout en tant que fiction, jouant à être une fiction de sculpture du mot « enveloppe » – plutôt qu’en développant une.
    Antoine a tout d’abord déplacé l’énonciation du texte. Acte minimal, minime, qui pose la question de la distance de l’œuvre dérivée, réécrite, à son intertexte (le texte, le matériau à partir duquel elle commence).
    Une des différences majeures entre les œuvres sous Copyleft et les œuvres propriétaires (il faudrait les appeler ainsi), c’est la mention systématique de l’œuvre-source et de son auteur à même l’œuvre dérivée : on peut reconstituer le parcours de l’artiste et cheminer d’une œuvre à l’autre, dans le réseau des œuvres voisines. Le processus créatif est ainsi pleinement exposé, tout le chemin d’une œuvre à l’autre est accessible. Afficher ses sources est aussi une forme de modestie, une façon d’intégrer la filiation des œuvres, un refus du romantisme du grandiose qui consisterait à pondre une œuvre ex nihilo.

    Toutefois, avant de déplacer l’énonciation du texte et de rajouter systématiquement « Guillaume dit que » à chacune de mes propositions, Antoine s’est laissé porter par les divers aléas techniques rencontrés au cours de l’envoi du texte, du fait d’incompatibilités de formats entre les logiciels propriétaires et les logiciels libres (je travaille sous Windows et Word ; Antoine non, bien entendu). Si le Copyleft permet la transition (dans le sens de transiger) entre les positions trop rigides peut-être d’auteur et de lecteur/spectateur, on voit que l’entre recquiert tout de même une possibilité de transmission. Et que la transmission, problématique, ait fait subir au texte une modification formelle majeure, voilà qui pour Antoine ne pouvait pas passer inaperçu.

      L ‘ e n v e l o p p e a p r i s p l a c e p a r m i l e s o b j e t s d e l ‘ a p p a r t e m e n t de Guillaume.

      L ‘ e n v e l o p p e a p e r t u r b é
      l e s a t t e n t e s
      q u ‘ o n p eut a v o i r e n m a t i è r e d e s c u l p t u r e ,
      e n m a t i è r e d ‘ e n v e l o p p e ,
      les attentes (qu’attend-t-on ? ),
      sur la table, elle a ri
      sur la notion de sculpture.

    Lorsque le détournement est utilisé en art, le travail est effectué « à même » le code de l’œuvre originale. De la langue de l’oeuvre, à partir de cette langue en direction d’un nouveau contexte. Les repères initiaux sont perturbés, les perspectives changent, les questions posées ont parfois changé de sens. L’énonciation est reformulée, le je est « redit », le je s’y plie, le jeu se multiplie.

      20. Une seule épaisseur est une contradiction dans les termes.
      23. Ses soins, pense-t-il, vont laisser aller, mais laisser, néanmoins, et se laisser à désirer, contribuer nettement à la construction d’épaisseurs sœurs.

    Affaire de distance : B. Gallet, sur les Plunderphonics 12 « Plunderphonic propose des performances révisées d’enregistrements d’artistes célèbres [Elvis Presley, James Brown, Igor Stravinsky, (…)]. Tous les morceaux du disque sont dérivés d’extraits existants de musique enregistrée. (…) Aucun morceau ne comprend d’ajouts de musique extérieure. Tous les sons du disques sont des reproductions exactes et non modifiées des enregistrements originaux. » John Oswald, livret du disque Plunderphonic, 1989, traduit et cité par Bastien Gallet, Le boucher du prince Wei-Houei, op. cit. de John Oswald : « Leurs œuvres sont des exercices d’écoute opérant à même la trame de l’enregistrement. Leur écoute est opératoire, elle coupe afin d’isoler, boucle afin de reproduire, monte afin de recomposer, accélère et ralentit afin de donner à entendre ce qui ne l’était pas, nuances que l’œuvre ignorait posséder. » La musique électronique naît avec la technologie d’enregistrement ; les musiciens électroniques travaillent directement sur les enregistrements, « à même » les samples qu’ils prélèvent. Ils reformulent leurs principes, déplacent leur ponctuation et leur propos.
    L’original est toujours présent d’une certaine façon – il est retouché organiquement, le maquillage tient. Les couches supplémentaires de sens s’ajoutent sans faire doublon.

    D’une fiction de sculpture, le texte des Onze tables est devenu une sculpture pour l’œil. Deux versions de l’œuvre existent. Quasiment illisible, la première est un pur objet plastique. Sa matérialité montre ce qu’on peut attendre d’une sculpture, littéralement… drapée d’une ironie certaine. La deuxième, plus praticable pour des yeux de lecteurs, illustre une pratique artistique qui est création autant que réaction, proposition tout autant qu’interprétation. L’œuvre ouvre des pistes de réflexion par ses moyens propres tout en actualisant son statut d’objet en transit d’un regard à l’autre. La métaphore du parcours vient à l’esprit, mais aussi celle du pas à pas. La création comme processus en mouvement serait un mouvement très lent, une empreinte peu prononcée, une caresse.

    • Jivezi, quand la typographie devient émotive

    Jivezi est à l’origine de ma rencontre avec Antoine Moreau et le Copyleft, et c’est par elle que les textes précédemment abordés ont pris corps. Prenant connaissance des textes elle a réalisé un petit livre qui fait dans sa forme ce que le Copyleft ouvre comme possibilité entre les œuvres. Les deux textes sont joints par le milieu, sur une enveloppe qui constitue le centre du livre-objet et où recto-verso ils se rejoignent. Le livre, même s’il n’est produit qu’à trois exemplaires – et peut-être spécialement pour cela – entérine la rencontre.

    Jivezi tient un site p
    ersonnel alimenté quotidiennement, qui déborde de créativité graphique et poétique : le Parloir de Poche, (mais aussi depuis la rédaction de cet article deux blogs : choses, et autres choses).
    Il fait suite à www.jiveziplak.free.fr, son site de l’année 2004. L’une des webmasters du site artibre.org, son travail est d’écoute et d’annotation, de bouleversement du signe typographique et de l’écran. On pense à E. E. Cummings. Établie à Apt 13 Où elle participe notamment aux activités du Plak’art, un lieu exigu mais ouvert sur l’art : voir www.plakart.free.fr, elle recycle des définitions ou écoute des pages de livre, et de ce centre arbitraire elle tient un journal qui irradie vécu et spéculatif sur des pages web d’une beauté mobile rafraîchissante.

    À même le code-source au sens propre comme au figuré, Jivezi développe une expressivité bigarrée, quasi exclusivement basée sur le javascript. Si parfois le web peut égarer les créateurs dans d’infécondes utilisations d’animations, ici le web-mastering est intégré à l’œuvre, comme il y a une « agriculture intégrée » – qui sait traiter a minima, et disposer de la chimie pour laisser les pépins bourgeonner en toute quiétude. Les pages de Jivezi sont toujours extrêmement légères, pas de Flash, nul besoin d’une connexion haut débit. Le plus étonnant semble que malgré (ou grâce à) une simplicité technique redoutable, son site est des plus animés. Le biographique est tout en distance, les images animées servent l’humour du propos, et s’agitent, s’agitent. Ce sont des paragraphes tout pâles qui soudain tombent au travers de l’écran, des plaques colorées qui oscillent ou se posent lentement, flottent. La virtuosité sensible de Jivezi rejoint la question des transparences et des voiles les plus légers : en webdesign, pour parler des rectangles colorés qu’elle utilise, on utilise le terme de « calque »…

    Décrire un livre, voilà une ambition. Un livre décrit un objet dans des lieux – Jivezi fait un lieu dans un objet. Un lieu : mais l’espace désigné par la proximité des deux textes emboîtés, c’est justement l’entre. Objet double, dédoublé : l’enveloppe donne une de ses faces à chacun des deux textes. Elle en est comme écartelée, mais elle assure physiquement la jointure parfaite entre deux paroles. Elle y trouve son épaisseur. Deux paroles liées déjà  y trouvent leur place, deux faces d’une même peau de papier. Si l’image est poétique (ce en quoi le livre de Jivezi est déjà  réussi en tant qu’objet), elle matérialise son propos : voici un livre construit autour de l’air, à l’opposé de toute parole en l’air, un livre léger à manipuler, un livre pour les mains, à tourner en tous sens. Voici l’entre rendu palpable, cet entre-deux qui fonde l’échange, la communauté. Néanmoins, si cet entre est palpable (on peut palper une enveloppe), le lieu même de l’entre reste intouchable : c’est en définitive un espace symbolique, une île de sens vers laquelle on tend sans pouvoir jamais y entrer.

    Nous savons maintenant que les livres, ces fameux pliages qui n’en paraissaient pas, n’étaient pas les objets parfaits qu’ils semblaient être : leur manquait leur enveloppe, leur « aura » d’objets à déplier. L’aura au sens de Benjamin réapparaît là où on ne l’aurait pas soupçonnée d’arriver jamais, entre deux feuilles, sous la forme d’un coussin d’air mœlleux, comme on en trouve par exemple entre deux paumes appuyées. Essayez, collez vos mains l’une à l’autre. Il reste toujours une part d’ouverture, la fermeture n’est jamais totale…

    La série continue son chemin, et de l’enveloppe à la table, de ma table de bureau à la table du jardin de Jivezi, la table se périodise en divers champs.

    • Pour conclure, pour sculpture

    Le Copyleft est un mode de déposition des œuvres qui découle du medium internet, de sa pratique, logicielle comme usagère. Le Copyleft « actualise » en l’inscrivant à même son existence juridique la réflexion moderniste et structuraliste sur le statut de l’œuvre (cf. les notions d’intertextualité et d’hypertextualité développées par Julia Kristeva et Gérard Genette). Par ailleurs, il faut relever que le Copyleft travaille en général « sans qualités ». Le Copyleft est générique : il désigne une pratique. Ce n’est pas un gage de valeur en soi mais bien un cadre référentiel affectant le statut de l’œuvre. C’est aussi une prise de position esthétique.

    Le Copyleft et la Licence Art Libre permettent de rapprocher par la reprise des univers artistiques distants en apparence. L’exemple des Sculptures Confiées et de leurs dérivés successifs joint trois pratiques artistiques, tout en mettant à chaque fois l’œuvre préexistante en perspective, bouleversant l’angle de vue et le propos. Toutefois, il faut souligner à quel point les pratiques restent autonomes, dans quelle mesure la réécriture que chacun propose d’un oeuvre relève quasi-exclusivement de son esthétique et ouvre un dialogue qui ne ressort pas de l’œuvre collective.

    Sans vouloir se placer particulièrement sous l’auguste référence de Marcel Duchamp, on voit tout l’intérêt de rendre visible le contexte d’émergence d’une œuvre : La mariée mise à nu par ses célibataires, même, découle de réflexions portant sur la perspective chez les peintres Renaissants tout autant que de la découverte des chronophotographies de Marey ou encore de la lecture du livre très particulier de Gaston de Pawlowski, Voyage au pays de la quatrième dimension. 14 À ce sujet la très limpide monographie de Jean Clair, Sur Marcel Duchamp et la fin de l’art, coll. Art et artistes, Paris, Gallimard, 2000. Cette étude très pertinente montre que le contexte d’émergence de l’œuvre de Duchamp n’avait rien (ou plutôt ne relevait pas uniquement) de l’avant-gardisme auquel on le rattache. Bien au contraire, l’œuvre se constitue dans un rapport ouvert et constructif parfois paradoxal, contradictoire, aux diverses possibilités et pistes ouvertes par un « état donné » de l’art.


      © Guillaume Fayard Sur les Sculptures Confiées d’Antoine Moreau et ce qu’elle enveloppe (Jivezi), 2005
      Antoine Moreau Sculptures confiées, 1993-2005
      Guillaume Fayard 11 tables épaisses et lisses, mai 2004
      Antoine Moreau Sculpture Confiée n° 535 mai 2004
      Jivezi SC535, juin 2004
      Copyleft : cette œuvre est libre, vous pouvez la redistribuer et/ou la modifier selon les termes de la Licence Art Libre.Vous trouverez un exemplaire de cette Licence sur le site Copyleft Attitude www.artlibre.org ainsi que sur d’autres sites.

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