En voulant réprimer la copie des cd et cette fois-ci jusque dans la sphère privée, c’est le processus m&ecric;me de la création qui est menacée. A l’horizon : mettre en place une culture indiscutable et qui trône au plus près d’un public qu’elle veut mater. Lui faire payer sa servitude culturelle, lui faire payer sa liberté également. Le ballader de péages en péages, de check-points d’accès en bornes totem, voilà le paysage culturel qui pointe au bout de notre nez.
Le public, en son domaine (celui là m&ecric;me qui ne manque pas d’aire), éduqué à consommer en silence et à se gaver d’oeuvres aussi massives que sensationnelles est cerné.
Cantonné dans sa fonction d’accusé de réception de la culture ! Autant dire criminalisé dès que le soupçon pèse sur l’usage privé et créatif qui est fait des productions contemporaines. Sa fonction nouvelle : subir ce qui va se déverser sur lui et combler ses sens. La culture à écrasante valeur ajoutée financière s’impose et se pose là conquérante.
Autant se serrer la ceinture quand cette culture devient l’instrument pour remplir les bourses d’acteurs culturels dénués d’attention à l’économie propre de l’art. Celle qui excède la stricte économie de marché.
La veille intellectuelle, propre aux acteurs de la culture se mue-t-elle en b&ecric;te surveillance ? Il s’agit bien d’avoir contrôle sur la manne culturelle via les dispositifs techniques qui empécheront la copie. Privée. D’en saisir le profit magnifique et d’&ecric;tre ainsi aux mannettes du jeu de société quand les petits joueurs et gros consommateurs iront calmer leur oisiveté grâce à des produits savament calibrés, intouchables et sans histoires.
Souffler n’est pas jouer mais copier c’est apprendre.
Copier, c’est aussi &ecric;tre en mesure de donner à son tour un peu de ce qu’on a appris. Mieux ! C’est apprendre quelque chose de plus au vilain petit copieur qui vient là prendre quelque graine. Ceci : qu’il n’y a de vraiment laids que les canards des cloîtres de loisirs et que les copieurs sont les cygnes avant-coureur de chants magnifiques. Ces chants qui nous sont communs à tous.
Chantons tous en chœur : Soufflé au fromage ! Baudruche d’autruche !
Ce gâteau culturel qui ne veut pas qu’on y touche et emp&ecric;che qu’on ait accès à sa recette. Basse cuisine que cette tambouille qui confond la recette qui offre l’art culinaire avec celle qui se trouve dans le tiroir-caisse.
La cagnotte ne fait pas de gâteau et ce projet de loi ne fait pas de culture qui tienne. Il en interdit la forme, la matière et la grâce. Jusque dans la sphère privée.
Le droit d’auteur deviendrait alors le droit d’une autorité de type féodale contre le public et les auteurs, de type sujets. Des sujets interdits d’avoir rapport les uns avec les autres. Jusque dans la sphère privée.
Antoine Moreau
Le droit d’autorité, un texte suite au projet de loi inspiré par le DMCA
Copyright ©06/12/2002, Antoine Moreau
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